Histoire Terminale

Analyser une photographie d’Auschwitz


Cette séance d’une heure de Terminale (Générale ou Technologique) s’appuie sur l’analyse d’une photographie prise à Auschwitz en 1944 au moment de la « sélection » des Juifs hongrois déportés. Elle s’appuie sur l’ouvrage de Stefan Hördler, Christoph Kreutzmüller et Tal Bruttmann Un album d’Auschwitz, Comment les nazis ont photographié leurs crimes, ainsi que sur une analyse réalisée par ce dernier dans le cadre du podcast « Paroles d’histoire » animé par André Loez.

Présentation de la séance

Cette séance d’une heure s’intègre dans le tronc commun de Terminale Générale mais peut aussi bien s’inscrire dans le programme de Terminale Technologique :

  • Parmi les idées que l’enseignant peut mettre en avant en Terminale Générale on retrouve les « crimes de guerre, violences et crimes de masse, Shoah, génocide des Tsiganes… » qui seront ici travaillées.
  • Ou au travers du sujet d’étude « La Guerre d’anéantissement à l’Est et le génocide des Juifs » en Terminale Technologique.
    Dans les deux cas, une heure peut être consacrée à la question des camps de concentration et centres de mises à mort dans ces deux programmes.

La séance présentée ci-dessous n’a pas pour objectif de traiter TOUT le sujet d’étude ou bien même toute la thématique du génocide des Juifs et des Tsiganes mais elle s’intègre dans ceux-ci.

Cette séance repose principalement sur une analyse de document ; une photographie de l’album de Lili Jacob, dit Album d’Auschwitz (conservé à Yad Vashem), prise le 26 mai 1944 par le photographe SS Bernhard Walter : « sélection » à la sortie d’un train de déportation en provenance de Beregszász (photo 27, commentée p. 200 du livre collectif Un album d’Auschwitz).

A partir de cette photographie et de quelques documents utilisés en appui, les élèves sont amenés à réfléchir à problématique suivante :

Comment s’opère la mise en place de la « solution finale » ?

Déroulement de la séance

Cette séance intervient plutôt en fin de sujet d’étude sur le génocide des Juifs et des Tsiganes après que l’enseignant aura présenté la mise en place et le déroulement du processus génocidaire lié à la guerre d’anéantissement à l’est. Les notions de ghettos, camps de concentration, « Shoah par balles », Einsatzgruppen… sont des éléments qui ont été précédemment vus avec les élèves.

Premier temps : Qu’est-ce que la « solution finale » ?

La séance débute avec un extrait du protocole de la Conférence de Wannsee (20 janvier 1942) dans lequel on retrouve l’expression « solution finale ». Cette lecture en classe entière permet de réfléchir aux idées suivantes :

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  • Que signifie l’expression « solution finale » ? Euphémisme nazi.
  • Rappel sur l’avancée de la guerre d’anéantissement à l’est et la nouvelle localisation au sein du Reich allemand de populations juives nombreuses.
  • Comment doit s’organiser cette « solution finale » ? Travail forcé menant à la mort, « traitement approprié à la totalité de ceux qui resteront », « Juifs évacués »…
  • Observer le champ lexical utilisé pour évoquer les populations juives. Lexique médical, assimilation à des parasites… habituel chez les nazis.
  • Il est aussi bon de rappeler les premières formes qu’a pris le processus génocidaire (ghettoïsation, « Shoah par balles »…) qui ont été vues dans les séances précédentes.

Il est important de rappeler que l’idée de cette « solution finale » n’est pas le fruit de cette conférence mais que celle-ci a pour objectif de mettre au point l’organisation administrative, technique et économique de la « solution finale de la question juive », voulue par Adolf Hitler et ensuite mise en œuvre, sur ses instructions, par Hermann Göring, Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich et l’un des collaborateurs de ce dernier, Adolf Eichmann.

En effet, c’est plutôt dans le contexte des victoires allemandes rapides de l’opération Barbarossa qu’apparaît l’expression « solution finale » par les mots de Göring qui adresse une lettre à Reinhard Heydrich, où il confie à la SS la responsabilité de trouver « une solution d’ensemble à la question juive » dès l’été 1941.

Les élèves prennent les informations en notes.

Deuxième temps : Analyser une photographie d’Auschwitz

En guise d’accroche à l’activité principale de la séance, une lecture d’un tableau chiffré du bilan humain de la Shoah et du génocide des Tsiganes permet de mettre en évidence l’importance du complexe concentrationnaire et de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau.

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Il peut être aussi intéressant de rappeler que si Auschwitz est devenu le point de référence de la mémoire de la Shoah, c’est aussi lié à la présence de nombreuses photographies de ce complexe qui sont arrivées jusqu’à nous.

Un plan du site est donné aux élèves afin qu’ils puissent localiser les éléments de la photographie.

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Ensuite, il convient de présenter aux élèves le document en rappelant les éléments de méthode : c’est une photographie de l’album de Lili Jacob (pour connaître l’histoire de cet album, cliquez ici), dit Album d’Auschwitz (conservé à Yad Vashem), prise le 26 mai 1944 par le photographe SS Bernhard Walter : y est capturé le moment de la « sélection » à la sortie d’un train de déportation en provenance de Beregszász.
L’intérêt de ce document pour l’historien est immense. Il s’agit de comprendre comment s’organisait techniquement et logistiquement la mise à mort des Juifs et des Tsiganes à Auschwitz.

Une fiche est donnée aux élèves sur laquelle on retrouve la photographie en bonne qualité et un canevas de cette photographie que les élèves rempliront avec l’enseignant.

Afin de permettre à l’enseignant de préparer son analyse de document et aux élèves de réviser a posteriori, il convient de regarder l’analyse réalisée par Tal Bruttman dans le cadre du podcast Paroles d’histoire animé par André Loez. Celle-ci, riche d’enseignements, dure vingt minutes et propose une analyse très détaillée que l’on peut choisir, en fonction de la série, de raccourcir ou non.

Ce podcast a été réalisé à l’occasion de la sortie de l’ouvrage Un album d’Auschwitz, Comment les nazis ont photographié leurs crimes, par Tal Bruttmann, Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller au Seuil, en janvier 2023.

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Une proposition de corrigé :

Troisième temps : Élargissement et bilan

En fin d’heure, il convient d’élargir la problématique à d’autres lieux de la Solution finale et d’en faire un bilan. Les questions de la libération des camps et de la mémoire peuvent aussi être évoquées ou abordées dans une séance suivante.

On peut envisager en évaluation l’analyse d’une autre photographie de l’album de Lili Jacob comme celle-ci-dessous :

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Les objectifs de la séance

D’un point de vue des connaissances, cette séance permet de comprendre la mise en place de la solution finale et l’organisation de celle-ci en partant d’un exemple très précis.

Les objectifs de capacités et méthodes sont ceux de l’analyse de document et en particulier d’image : la présentation, la description, l’analyse et la critique sont travaillées collectivement.

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